dimanche 14 octobre 2012

Peggy Lee : Beastie Boys, The Muppets et Sex & the City


Reconnue pour sa voix exceptionnelle, son talent indéniable et charisme hors-pair, Peggy Lee est considérée comme l’une des grandes chanteuses jazz américaines, avec une carrière s’étalant sur 6 décennies. C’est sans surprise qu’on apprend que Frank Sinatra et Elle Fitzgerald considèrent Lee comme une influence majeure pour leurs carrières.
Aujourd’hui, son œuvre perdure dans différents aspects artistiques et populaires, ce qui me permet de dire que plusieurs la connaissent, sans peut-être le savoir...

D’abord, voici un peu d’informations sur la chanteuse :

De vrai nom Norma Deloris Egstrom, Peggy Lee débute sa carrière auprès de Benny Goodman, devenant la chanteuse de son « big band ».

En utilisant un timbre doux dans ses chants, plutôt que de mettre de l’avant la puissance de sa voix, elle développe un persona mystérieux et sensuel.
Ici, on peut la voir avec Frank Sinatra, qu’elle regarde intensément tout le long de la chanson, au point où Sinatra semble intimidé par la chanteuse. Sinatra a aussi avoué que Peggy Lee était l’une des femmes les plus sexys qu’il ait connu, ce qui n’est pas peu dire venant de sa part.

Lee a aussi quelques compositions à son actif, comme la pièce You was right baby, qu’elle a écrit avec son mari Dave Barbour (le guitariste dans le vidéo) :

Parmi ses nombreux succès, 2 pièces ressortent : Fever et Is that All There Is.

Peggy Lee est décédée en 2002, à l’âge de 81 ans.


Musique
Évidemment, Peggy Lee se retrouve beaucoup dans la musique d’aujourd’hui, plus précisement dans les styles urbains, tels le hip-hop et l’électronique.

D’abord, plusieurs connaissent la pièce Ch-check it out, tiré de l’album To The 5 Boroughs du groupe The Beastie Boys, qui fut un grand succès en 2004 et nominé aux Grammy Awards. Et bien, saviez-vous que Peggy Lee a largement inspiré cette pièce? En effet, une partie de sa version de la chanson Sittin’ on the Dock of the Bay est utilisée de façon récurrente dans la chanson des Beastie Boys. Ce sont les 15 premières secondes que le trio rap a largement repris :

 
Le populaire groupe Black Eyed Peas s'est aussi inspiré de Lee pour leur pièce Shut Up, qui a été très jouée sur les ondes radiophoniques en 2003. En effet, la chanteuse Fergie répète à plusieurs reprises « Is that all there is ? » (3m47s), faisant référence à la pièce du même nom, popularisée par Peggy Lee.

Ensuite, le rappeur Asap Rocky et Theophilus London ont utilisé la chanson Big Spender de Lee pour faire sa pièce hip-hop au même titre. Les 2 rappeurs ont pris ici l’instrumentation de la version de Lee, mais ont juxtaposé le chant de Shirley Bassey pour leur version.

Le DJ Gramophonedzie a utilisé quant à lui le succès Why Don’t You Do Right, mixant un rythme électronique par-dessus pour donner le résultat dansant suivant :

Films et télévision
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Peggy Lee est l’inspiration première dans plusieurs aspects cinématographiques et télévisuels actuels.

Personnage très connu des Muppets et épouse de Kermit, Miss Piggy aborde une chevelure blonde et une allure diva. Jim Henson a avoué s’être inspiré de la grande chanteuse jazz pour créer le personnage porcin. Les 2 dames partagent même une biographie semblable. Miss Piggy Lee a grandit dans une petite ville d’Iowa avec une mère peu gentille envers elle, ayant perdu son père a un jeune âge. Quant à la Miss Peggy Lee, elle est née en Dakota du Nord, a perdu sa mère à un jeune âge et sa belle-mère était très cruelle envers elle.

Dans le film Who Framed Roger Rabbit (1988), Peggy Lee est très présente grâce au personnage de Jessica Rabbit, la femme de Roger. Dans la première scène où elle apparaît, elle chante le grand succès de Peggy Lee, Why Don’t You Do Right?, à la manière de Lee.
 
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Dans le classique de Disney La Belle et le Clochard, la chanteuse jazz a mis sa patte dans plus d’une scène. Elle a en effet composé les chansons du film, en plus d’interpréter "He's a Tramp", "La La Lu", "The Siamese Cat Song", et "What Is a Baby?". Dans le film d’animation, elle personnifie Darling, la propriétaire de Lady, joue un chien errant nommé Peg et 2 vilains chats siamois.
À voir : Peggy Lee accompagnée par une chorale de chiens (1m15s) pour la pièce He’s a Tramp.


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Côté télévision, un épisode complet de l’émission Sex & the City a pour thème la pièce Is That All There Is de Peggy Lee. Dans « I Love A Charade », Carrie célèbre le mariage de son ami Bobby Fine, un chanteur de cabaret qu’elle croyait homosexuel. Tout au long des périples de l’émission, Carrie construit sa colonne autour de la question « Is That All There Is ? », en se demandant « est-ce vraiment tout ce qu’il y a ? Y a-t-il plus ? » À plusieurs reprises, la pièce est chantée, d’abord par Bobby Fine et une autre fois par une chanteuse au mariage de ce dernier. Lorsque interprétée par Bobby, le chanteur lounge avoue même chanter cette chanson avec une perruque de Peggy Lee : « I usually do this number at home in a pink caftan and a Peggy Lee wig. Like you've never done the same thing after three daiquiris? »

Finalement, en 2012, la réalisatrice de film Nora Ephron annonçait un projet sur la vie de Peggy Lee avec Reese Witherspoon attachée pour jouer le rôle titre. Par contre, avec la mort de Ephron en 2012, aucun développement n’a été donné sur le film.

Société
Pour finir ce billet, voici 2 manifestations de société inspirées de la chanteuse.

D’abord, une sorte de rose, la rose Peggy Lee a été nommée en l’honneur de la chanteuse, abordant une jolie couleur pêche, la préférée de Lee.

Un syndrome a aussi hérité du nom de la chanteuse. Pour l’expliquer, voici une petite fiche tirée du site Urban Dictionnary.


Alors, connaissiez-vous Peggy Lee finalement?
Bonne écoute!

mardi 2 octobre 2012

Mon top 5 d'albums de jazz

J’en conviens que le terme « vieux jazz » est assez flou. Le jazz a débuté dès les années 1900 en Nouvelle Orléans et s’est répandu rapidement sous tous les genres possibles jusqu’à aujourd’hui, ce qui fait que le mot "vieux" peut s'étendre sur plusieurs décennies dans ce cas.

Pour mieux définir le terme « vieux jazz » et faire connaître mes goûts musicaux, je vous propose ici une sélection de mes 5 albums favoris dans le genre. Bien sûr, certains me diront que j’ai omis de grands classiques, mais 5 choix, c’est très peu comparé à la multitude de musique qui a été publié depuis 1900…Surtout, je ne veux pas décourager les curieux qui veulent simplement en savoir plus.

1. Peggy Lee : Black Coffee (1953)

     Peggy Lee a la voix, la personnalité et le charme. Ayant débuté sa carrière en tant que chanteuse pour Benny Goodman, elle se fait un nom comme artiste solo, pour devenir une influence pour nul autres que Frank Sinatra et Ella Fitzgerald. Peggy Lee était reconnue pour utiliser un timbre doux dans ses chants, plutôt que de mettre de l’avant la puissance de sa voix. Pour elle, c’était une façon d’être plus mystérieuse et sensuelle. Fait anodin : elle est l’inspiration pour le personnage des Muppets, Miss Peggy et elle est la voix derrière plusieurs personnages du film de Disney La Belle et Le Clochard. Frank Sinatra a même déjà affirmé que Peggy Lee était l’un des femmes les plus sexy qu’il ait jamais rencontré, ce qui n’est pas peu dire venant de ce fameux « ladies man ».

    Premier album complet pour la chanteuse, Black Coffee sort en 1953 et est aujourd’hui considéré comme un classique. Bien que cet album ne contienne pas ses classiques « Fever » ou « Is that all there is ? », cet album est finement ficelé et vaut une écoute attentive.





   
2. Dave Brubeck : Time Out (1959)

      Dave Brubeck est un pianiste jazz américain reconnu pour son style mi-classique, mi-improvisé et ses tempos uniques (6/4, 9/8, 5/4). Le jeune Dave entâme des études en Californie pour devenir vétérinaire, mais transfère au conservatoire après qu’un professeur lui fasse la remarque : « Brubeck, your mind's not here. It's across the lawn in the conservatory. Please go there. Stop wasting my time and yours ». Rendu à l’école de musique, il se fait renvoyer lorsqu’un de ses supérieurs réalisent que Dave est incapable de lire la musique. Mais, d’autres professeurs le font revenir à l’école, argumentant que son talent compensait pour cette lacune. Il gradue, avec comme condition de ne jamais enseigner le piano. Peu après, en 1942, il est envoyé à la guerre. Il rencontre Paul Desmond pendant son service militaire et ensemble, ils formeront le Dave Brubeck Quartet, avec deux autres musiciens, Cal Tjader and Ron Crotty. Dave Brubeck est toujours vivant et a d’ailleurs performé au Festival de Jazz de Montréal en 2011, toujours en forme !

Tout le monde connaît au moins une pièce de cet album, sans nécessairement en être conscient. La pièce titre « Time Out » est l’un des pièces jazz les plus connues de l’histoire. Bizarrement, cette pièce classique du jazz n’a pas été composée par Brubeck, mais bien par son saxophoniste et ami Paul Desmond. L’album du même nom est l’un des plus vendus de l’histoire du jazz, malgré ses tempos uniques : 9/8 et 5/4. Dave Brubeck tient cette inspiration d’un voyage en Turquie, où ces tempos sont plus communs. Des pièces comme Blue Rondo à la Turk en sont des preuves bien vivantes.

 

3. Django Reinhardt : Djangology (2005)

Guitariste et compositeur pionnier, le belge Django Reinhardt est le musicien derrière le style « manouche », inspiré par la musique traditionnelle gypsy. Actif dès les fins des années 20, le talent de Django est d’autant plus impressionnant lorsque l’on sait qu’il était paralysé de deux doigts de sa main gauche, après un grave incendie. Avec le violoniste Stephane Grappeli et d’autres musiciens, il forme le quintette Hot Club de Paris.




J’ai choisi son anthologie, puisqu’elle fait magnifiquement bien le tour de sa grande carrière, incluant ses grands succès produits de 1928 à 1953. Peut-être reconnaitrez-vous la pièce « Minor Swing », joué par le beau Johnny Depp dans le film Chocolat, ou encore « Beyond the Sea », « 42 », « Honeysuckle Rose », « Improvisation on Pathetique », inspiré par la symphonie no.6 de Tchaikovsky.




 

4. Frank Sinatra : Nothing but the Best (2008)

Pas besoin de m’étaler sur cette légende…Je vais résumer en 4 mots : New York, New York. Voilà.








 « Nothing but the Best » est à mon avis la compilation qui englobe le mieux les classiques de monsieur « Ol’ Blue Eyes », enregistrés et chantés entre 1935 et 1995. Si cela ne vous donne pas envie de chanter, je vais simplement vous jeter un regard déçu. Si vous n’êtes pas charmé par sa voix, je vais vous jeter un regard dubitatif… Vraiment ?






5. Nina Simone : I Put a Spell on You (1965)

La première fois que j’ai entendu la voix de Nina Simone, je me suis sincèrement demandé s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme : voix grave, quasi-androgyne, mielleuse, hypnotisante et tout à fait unique…De son vrai nom Eunice Kathleen Waymon, Nina Simone avait comme rêve tendre d’être une pianiste concertiste. Pourtant, à cause de son époque raciste et fermé d’esprit, elle se fait refusé une bourse d’étude à l’Institut musicale Curtis à Phildelphia à cause de sa peau noire. Elle décide donc de jouer dans de petits clubs de la ville pour financer ses études. Elle se fait remarquer par un agent et sa carrière démarre en trombe en 1958. Durant ses années de musicienne à succès, elle compose des pièces fusionnant gospel, pop et classique, mettant toujours de l’avant ses talents de pianiste classique.

J’ai toujours senti que l’album I Put a Spell on You saisissait parfaitement la voix de Simone, particulièrement avec la pièce titre. Voix et chanson hypnotisante, elle ajoute une touche unique et magique à ce classique. Elle y inclut aussi une reprise de Jacques Brel avec Ne Me Quitte Pas, où elle chante en français d’un ton langoureux, transmettant parfaitement les émotions de cette chanson de rupture. L’album contient aussi Feeling Good, une chanson fascinante qui débute par Simone chantant a capella, avant que l’orchestre n’embarque dans des timbres mystérieux et enchanteurs.


   
  
Bien sûr, je pourrais aller plus loin…Ok, 5 choix de plus, rapidement : 
1. Oscar Peterson : Night train
2.  Ella Fitzgerald & Louis Armstrong : Louis & Ella
3. Stan Getz & Gil Gilberto : Getz/Gilberto
4. Miles Davis : Kind of Blue
5. Cannonball Adderley : Somethin' Else

Et Cole Porter, Sarah Vaughan, Etta James, Duke Ellington, Stan Getz, Glenn Miller, Nat King Cole, Herbie Hancock, Charlie Parker, Dizzy Gillespie et j’en passe…

Bonne écoute!

Introduction


En tant que grande fan de jazz, il me fait un grand plaisir d'écrire sur ce genre musical qui me passionne. Souvent, il m'est difficile de trouver quelqu'un dans la mi-vingtaine comme moi avec qui je peux discuter des heures sur le vieux jazz. La discussion typique se déroule de la manière suivante : 
Moi : "Hey, tu connais Billie Holiday?"
Ami : "Humm, non, mais ma grand-mère connaît sûrement ça..."

Bon...

Pourtant, les grands artistes de l'époque ont encore des répercussions bien vivantes sur la musique d'aujourd'hui, mais aussi sur les films, la télévision et la culture en général. Par exemple, saurez-vous trouver le lien entre :
Ella Fitzgerald et Sublime?
Peggy Lee et The Muppets?
Kanye West et Ray Charles?
Frank Sinatra et Sex & the City?
 
Les billets de ce blogue présenteront donc des artistes, dans le but de faire découvrir les légendes du genre, mais aussi de faire voir à quel point leur héritage est encore très présent dans l'art actuel. Peut-être même que vous allez découvrir, chers lecteurs, que vous connaissiez les musiciens présentés...

Bonne lecture!