Le guitariste
belge Django Reinhardt a réussi, en 30 ans de carrière, à devenir un véritable
pionnier de la musique jazz. En plus de créer un genre musical, le manouche, il
a été une influence majeure pour les grands guitaristes des dernières
décennies : Eric Clapton, Jimi Hendrix,
B.B. King et plusieurs autres.
D’abord, Reinhardt naît en janvier 1910 à
Liberchies, Pont-à-Celles en Belgique, dans une famille de Sinti (communément appelés
manouches en France). Il passe la majorité de son enfance dans des camps
roumains situés près de Paris, apprenant le banjo, la guitare et le violon très
tôt, en imitant des musiciens de son camp. À l’âge de 13 ans, il était capable
de vivre de sa musique.
L’année de ses 18 ans, Reinhardt se blesse
gravement dans un incendie ravageant sa caravane. Il se sort du feu avec des
sévères brûlures à son troisième et quatrième doigt de la main gauche, ainsi
qu’une paralysie de la jambe droite. Étant capable de remarcher grâce à une
cane, il perd malheureusement l’usage de ses deux doigts, mais refuse d’arrêter
de jouer de la guitare, développant une nouvelle technique pour maitriser son
instrument.
Peu après, en 1929, il entend des
enregistrements de jazz américain et est fort impressionné par Louis
Armstrong. À la même époque, il rencontre le violoniste Stéphanie Grappelli,
avec qui il fonde le Quintette du Hot Club de France.
Reinhardt est l’auteur derrière les
classiques « Minor Swing », « Daphne », « Belleville »,
« Swing 42 » et « Nuages ».
Si Louis
Armstrong a été le premier a structuré le jazz en Amérique, Reinhardt fut le
premier a amené le genre en Europe. Il invente une nouveau style à la
guitare, qui devient le manouche, un genre qui aura un écho à travers le
monde. Le doigté utilisé dans le manouche a d’ailleurs été une influence
jusqu’au Texas pour les groupes à corde de années 30, se transformant peu à peu
en le genre country. Le style manouche est encore bien vivant aujourd’hui, avec
des guitaristes tels que Angelo Debarre, Bireli Lagrène et Jimmy Rosenberg.
Généralement rythmées, les pièces de Django
Reinhardt sont difficiles à résister et transportent les auditeurs à Paris!
Musique
La musique de Reinhardt résonne encore de nos jours, à travers des
formations de tous genres musicaux.
Au Québec, c’est avec le populaire groupe The Lost Fingers que Reinhardt demeure
vivant. Non seulement le groupe coloré reprend des classiques de la musique
populaire en style manouche, mais le nom du groupe fait référence aux
doigts handicapés de Reinhardt.
Le guitariste Tony Iommi du groupe métal Black Sabbath a perdu, à l’âge de 17 ans, un bout de son majeur et de
son annulaire dans un accident de travail. Le patron de Iommi, pour
l’encourager à poursuivre son rêve de devenir une rockstar, lui a fait écouter
un album de Django Reinhardt, pour l’inspirer à continuer à jouer malgré son
handicap.
Du côté de la pop, la pièce « Minor Swing » de Reinhardt
a été utilisé comme fil conducteur pour créer l’entraînante chanson
« Wikked Lil’ Grrrls » de la chanteuse canadienne Esthero en 2005.
Dans le hip-hop, la rappeuse française Diam’s a pris la chanson « Tears » comme fond musical pour
sa chanson Éternel, tiré de l’album Premier Mandat (1999).
De son côté, le rappeur américain Busdriver a intégré « Mélodie au Crépuscule »
dans sa chanson « Imaginary Places » (débute à 1m28s). Le débit très
rapide du rappeur est extrêmement impressionnant, faisant même penser à la
virtuosité de Reinhardt avec son instrument.
Finalement, dans la musique électronique, le groupe
d’électro-swing Kormac a utilisé un extrait de « Blue Drag » pour
faire danser les gens avec leur composition « Mr. Soft ».
Cinéma
Au cinéma, on retrouve plusieurs personnages inspirés par Django
Reinhardt et même quelques caméos…
D’abord, le film Chocolat
(2000) aborde le personnage de Roux, joué par Johnny Depp, un gypsie jouant
souvent de la guitare. Roux gratte son instrument en jouant du manouche et
interprète même un pièce de Reinhardt, « Minor Swing ».
Ensuite, dans Swing Kids
(1993), le jeune guitariste Thomas Berger se fait écraser les doigts par la
Jeunesse hitlérienne et crie à ses assaillants qu’il continuera à jouer de la
guitare, tout comme Django Reinhardt l'a fait.
Woody Allen aborde aussi fortement Django Reinhardt dans Sweet and Lowdown (1999), avec son
personnage de Emmet Ray. Joué par Sean Penn, Ray est un immense fan de
Reinhardt et avoue même s’être évanoui en sa présence. Il se considère comme le deuxième meilleur guitariste, tout de suite après
son idole.
Dans le film Head in the Clouds
(2004), Django Reinhardt est personnifié par le guitariste John Jorgenson.
Sa performance et son imitation parfaite de Reinhardt lui a valu des louanges à
travers le monde.
Du côté de l’animation, Les
Triplettes de Belleville (2003) présente dans son générique un personnage
représentant le célèbre musicien, cigarette d’une main, instrument de l’autre. Il joue même avec ses pieds! À voir, à partir de 47s.
Dans Hugo (2011) de Martin Scorsese, le personnage de Django
Reinhardt apparaît dans un café, guitare à la main et accompagné de quelques
musiciens. Il est reconnaissable à sa petite moustache et sa manière de jouer
sans son 3ème et 4ème doigt.
Jeu vidéo
Django Reinhardt se trouve même dans un jeu vidéo : BioShock.
À travers le monde mystérieux du jeu, le personnage retrouve des phonographes
jouant de la musique des années 30 à 50. Plusieurs chansons de Reinhardt sont
donc à l’honneur dans le jeu.
Internet
Plusieurs plateformes web ont rendues hommage à Django Reinhardt,
notamment Wordpress et Google.
Django est
un framework open-source de développement web 2.0. C’est la version 3.1 du
programme de blogs Wordpress. Le nom a été choisi pour rappeler le guitariste.
En
2010, Google a rendu hommage à
Reinhardt en lui dédiant un logo en l’honneur de son centenaire.
Bonne écoute !
Chère Catherine,
RépondreSupprimerVotre blogue est une belle réussite. J'espère que vous poursuivrez l'aventure. Il nous fait découvrir le vieux jazz, bien entendu, ses pionniers et son histoire mais également et surtout, son influence immense sur la musique contemporaine. Vos curations web et les liens proposés demeurent assez uniques. Je crois que vous avez trouvé une voie (et une voix) très particulière pour mettre en valeur cette musique. En augmentant la cadence de vos publications d'ici la fin décembre (pour le cours) et même au-delà, je crois sincèrement que cela pourrait vous ouvrir bien des portes, autant aux plans personnel que professionnel...
Bonne continuation !
Patrice Leroux