Chanteuse
au talent exceptionnel, Billie Holiday, a.k.a Lady Day, a une voix facilement
distinguable, tant elle est unique. Sans être d’une puissance extraordinaire, son
ton fragile et texturé a su transmettre à la perfection la profonde émotivité
de la chanteuse.
Billie
Holiday n’a pas eu la vie aisée : l’artiste a connu de graves problèmes de
drogue et d’alcoolisme, de nombreuses peines d’amour, en plus d’avoir eu une
enfance traumatisante. Il est facile de penser que la grande émotivité de
Holiday est puisée dans les nombreuses complications qu’elle a vécues.
Née
en avril 1915 sous le nom Eleanora Fagan à Philadelphie, les parents de la
petite Eleanora n’ont que 13 et 17 ans à la naissance de leur fille. Son père,
Clarence Halliday, n’est pas marié à sa mère, Sadie Fagan, délaissant cette
dernière peu de temps après l’accouchement.
Eleanora
vit donc seule avec sa mère, qui a son tour, la laisser vivre avec sa tante,
Eva Miller. Holiday ne voit que très peu sa mère dans les 10 premières années
de sa vie, puisque Sadie voyage beaucoup dans le cadre de son travail en
transportation. La
petite Eleanora subit un grave traumatisme, lorsque pendant une sieste avec son
arrière-grand-mère, l’ainée meure pendant son sommeil. Eleanora se
réveille étranglée par les bras de la morte. L’incident la laissera muette
pendant plusieurs semaines.
Holiday se retrouve en réforme
juvénile avant d’avoir atteint l’âge de 10 ans, se sauvant souvent de l’école.
À 11 ans, elle avait déjà quitté les bancs.
Quelques
années plus tard, elle déménage avec sa mère à New York, où elle découvrira,
sous la prohibition, les boites clandestines où vibre le jazz. Elle se lit
d’amitié avec des musiciens et débute sa carrière à Queens et à Brooklyn. Parmi
ses amis musiciens, on dénote son précieux ami et collaborateur Lester
« President » Young. À 15 ans, elle se choisit un nom de scène. Elle
se souviendra du surnom que son père lui donnait lors de ses rares visites. Ce
dernier riait de ses allures de garçon manqué et la surnommait constamment Billy.
C’est ainsi que nait son nom de scène Billie Holiday.
Holiday
se fait découvrir lors d’une performance en 1933 par un réalisateur pour
Columbia.
Malgré des lacunes en éducation
musicale, Billie Holiday possède une oreille hors-pair et est une maitre de
l’improvisation. Rapidement, elle devient l’une des grandes vedettes du jazz
new-yorkais. Contrairement à d’autres chanteuses de l’époque, elle a la
possibilité de choisir ses propres chansons et a son mot à dire dans les
arrangements. Le tout lui permet de développer son personnage de femme
malchanceuse en amour, arborant une grande fleur dans les cheveux pour
compléter son costume.
Holiday monte en popularité avec sa
chanson « Strange Fruit », recevant une mention dans le magazine Time. Elle reçoit aussi des éloges pour
sa chanson « God Bless the Child », inspirée d’une dispute avec sa
mère.
Après plusieurs années d’abus
d’alcool et de drogues, qui l’ont d’ailleurs mené en cour à plusieurs reprises,
la voix de Holiday devient fragile. La différence est notable, notamment sur
l’album Lady in Satin, un de ses
derniers en carrière. Heureusement, sachant faire passer des émotions fortes
comme avant, la pièce principale de l’opus, « I’m a fool to want
you », demeure à ce jour l’une des chansons les plus tristes et vibrantes
de son répertoire. Ray Ellis, conducteur et arrangeur sur l’album, admet avoir
été déçu de la chanson dès la première impression. Après plusieurs écoutes, il
réalise l’émotivité crue de la pièce et admet le génie de la performance.
Bille Holiday a aussi été la
gardienne d’un jeune Billy Crystal lors de ses années avec Commodore Records.
Le père et l’oncle de Billy sont les co-fondateurs de cette étiquette.
En mai 1959, Holiday entre à
l’hôpital Metropolitain de New York pour des problèmes au cœur et au foie. Elle
se fait arrêté pour possession de drogues, alors qu’elle est toujours alitée.
Sa chambre est gardée par des policiers jusqu’à sa mort, en juillet 1959. Elle
avait alors 70 sous dans son compte de banque et 750$ dans ses poches.
Musique
Plusieurs
artistes ont puisé dans la musique de Holiday pour leur propre matériel.
D’abord,
le DJ Pretty Lights a emprunté deux pièces de Holiday pour son matériel. Le
musicien, qui était de passage à Montréal lors du Full Flex Express Tour avec
Skrillex et Grimes, s’est inspiré des pièces « More Than You Know »,
« Solitude » et « As Time Goes By » pour ses propres
chansons « Someday is Everyday » et « City of One ».
L’artiste
électronique Bonobo a utilisé la pièce « Swing Baby Swing » pour le
titre « Sugar Rhyme », tiré de son album Animal Magic. La pièce est discernable à partir de 49 secondes.
Le
populaire Parov Stelar a aussi pris « My Mother’s Son-in-Law » pour
sa composition électro-swing
« The Paris Swing Box ».
Le
musicien Tricky fait aussi partie du nombre d’artiste ayant puisé dans le
répertoire de Holiday, ayant quant à lui puisé dans le classique « God
Bless the Child » pour son titre « Carriage for Two ».
Finalement,
pour conclure les artistes électroniques, Blockhead s’est inspiré de
« Yesterdays » pour créer sa pièce « Triptych, part 2 ».
U2
a rendu hommage à la chanteuse jazz avec la chanson « Angel of
Harlem », dédiée à Holiday. Des paroles mentionnent la chanteuse par son
surnom, Lady Day : "Lady Day got
diamond eyes, she sees the truth behind the lies."
The
Magnetic Fields a aussi dédié une pièce à la chanteuse, « My Only
Friend ».
Cinéma et télévision
Bille
Holiday a été actrice, en plus d’être personnifié par plusieurs femmes. Mais
encore, quelques œuvres cinématographiques et télévisuelles font mention de la
chanteuse.
D’abord,
Holiday a été actrice dans le film New
Orleans (1947), dans lequel elle joue une femme de ménage qui est chanteuse
le soir. Elle y joue au côté de Louis Armstrong et les deux personnages auront
des rapprochements amoureux au cours du film. Voici un passage du film, où on
entend Billie Holiday chanter et jouer au piano "Do
You Know What It Means to Miss New Orleans". La technologie de l’époque ne
permettait pas de tempérer avec le son et d’ajuster la voix, ce qui fait que la
justesse de Holiday devient très impressionnante!
La
télé-série dramatique Grey’s Anatomy
contient aussi un morceau de Billie Holiday, lors de la troisième saison,
épisode 8. La chirurgienne Miranda Bailey chante « God Bless the
Child » a son enfant via son cellulaire, ne pouvant pas être présente
physiquement à la maison à cause de son horaire chargé.
La
comique série Sex & the City a
aussi fait mention de Billie Holiday, lors de la 4ème saison. Carrie
vient de recevoir un article corrigé qu’elle avait écrit pour Vogue,
complètement massacré par l’éditrice. Pour la consoler, un éditeur qui aime
bien Carrie, lui propose un martini (à 10 heures le matin) et l’introduit à la
musique de Billie Holiday, la « seule femme ayant plus mal que toi
présentement ».
Finalement,
la chanteuse a été personnifiée par plusieurs actrices, dont Ernestine Jackson,
Paula Jai Parker et autres. L’interprète la plus connue demeure la grande Diana
Ross, dans le film Lady Sings the Blues.
Bonne écoute!
Bonne écoute!
Bonjour,
RépondreSupprimerje ne me suis jamais considérée comme une fan de jazz, en fait j'en écoute pratiquement jamais.
Par contre, en lisant tes billets, je me rend compte que le jazz occupe une plus grande place que je pensais dans ma vie (et dans la vie artistique en général, surtout à travers les films et les séries que j'écoute. Par exemple, dans Sex and the City et Grey's Anatomy, je n'ai jamais fait attention à ces liens. Pour l'avenir, je vais tenter de porter plus attention!
Je trouve ton blogue très intéressant et original.
Merci pour toutes ces informations!