mardi 4 décembre 2012

Le vieux jazz canadien d'aujourd'hui

 
Pour faire différent cette semaine, je m’attarderai à deux artistes qui évoluent dans la scène jazz canadienne : Jill Barber et Alex Pangman. Ce qu’il y a de particulier avec les deux chanteuses présentées, c’est qu’elles ont ce que j’appelle une « vieille âme » : un amour évident pour le jazz des années 40 et 50, transmis dans leur musique aux sonorités de l’époque. Ces musiciennes auraient très bien pu être chanteuses dans ces vieilles années, mais elles sont nées dans la mauvaise décennie. Heureusement pour nous, Jill Barber et Alex Pangman transportent le vieux jazz dans la musique d’aujourd’hui et ce, avec succès.

Jill Barber n’a pas toujours trempé dans le jazz ; avant de se lancer dans le genre avec son album Chances, elle était une musicienne folk ayant eue une belle reconnaissance dans la côte est canadienne, récoltant de nombreux prix et nominations pour son premier opus organique.
En 2008, elle sort Chances, un changement radical à sa carrière folk et allant à l’encontre des tendances musicales actuelles. Avec des magnifiques arrangements orchestrés pour la supporter, Jill chante de sa voix unique et mielleuse ses compositions originales inspirées par les grandes chanteuses Doris Day, Peggy Lee et Blossom Dearie. Avec l’aide de Les Cooper et Ron Sexsmith, elle livre un album romantique et sucré à point : les pièces Never Quit Loving You, Be My Man ou même All My Dreams sont légères et teintées de joie sincère, qui ne peut que élever l’humeur des mélomanes. Pour les fans de vieux jazz, cet album est un classique moderne.

L’album a connu un succès mondial et figure encore dans les meilleurs vendeurs jazz dans iTunes Canada, depuis sa sortie en 2008. Cet album lui a aussi valu une nomination aux Juno Awards dans la catégorie New Artist of the Year, en plus d’être inclus dans la liste longue du Prix Polaris 2009.
En 2011, elle fait suite à Chances avec Mischevious Moon, qui explore les années 60 et 70. En début 2013, Jill sortira un album de reprises de classiques de la chanson française. Le premier extrait, Sous le Ciel de Paris est très prometteur et figure déjà dans ma liste d’écoute pour les mois à venir.




Alors que Jill Barber rappelait plutôt les années 40 et 50, Alex Pangman nous transporte vers les années folles. Pangman est dévouée aux années 20 et 30, tout comme ses musiciens, formant le groupe Alex Pangman & the Alleycats. Présente sur la scène canadienne depuis plus de 10 ans, Pangman a été remarqué par Jeff Healey, qui a d’ailleurs produit ses 2 premiers albums.

J’ai découvert la chanteuse avec son album 33, lancé en 2011. Hommage aux succès de l’année 1933, Pangman a produit cet album à l’âge de 33 ans (un pattern émerge ici). Guitare, cordes et cuivres se fusionnent pour créer des pièces swing parfois entrainantes, parfois nostalgiques, mais toujours charmantes. Pangman a la voix et le style de chant ancrés dans ces anciennes années, qui laissent paraître une passion ardente et une intégration personnelle du genre. Toujours en quête de déterrer des gemmes cachés du jazz, 33 dévoile de vibrants hommages à Connee Boswell (Hummin’ to Myself), Jack Teagarden (A Hundred Years from Today) et Bing Crosby (Thanks et I Surrender Dear). On découvre aussi avec plaisir des compositions originales écrites par Pangman, dont le style jazz swing se mêle parfaitement aux reprises. Le tout résulte en un album vivant, léger, qui démontre pourquoi Pangman a hérité du surnom « Canada’s sweetheart of swing ».

Sa musique prend tout son sens en spectacle, où on découvre une chanteuse charismatique et magnétique. Elle a d’ailleurs mis le feu au Festival de Jazz de Montréal en 2011, avec une prestation extérieure gratuite. Cette année-là, je travaillais au Festival et je me faisais constamment demander : "C'était qui la fille swing aux cheveux roux et frisés?".


Bonne écoute !

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