Pour faire
différent cette semaine, je m’attarderai à deux artistes qui évoluent dans la
scène jazz canadienne : Jill Barber
et Alex Pangman. Ce qu’il y a de
particulier avec les deux chanteuses présentées, c’est qu’elles ont ce que
j’appelle une « vieille âme » : un amour évident pour le jazz
des années 40 et 50, transmis dans leur musique aux sonorités de l’époque. Ces
musiciennes auraient très bien pu être chanteuses dans ces vieilles années,
mais elles sont nées dans la mauvaise décennie. Heureusement pour nous, Jill
Barber et Alex Pangman transportent le vieux jazz dans la musique d’aujourd’hui
et ce, avec succès.
Jill Barber n’a pas toujours
trempé dans le jazz ; avant de se lancer dans le genre avec son album Chances, elle était une musicienne folk
ayant eue une belle reconnaissance dans la côte est canadienne, récoltant de
nombreux prix et nominations pour son premier opus organique.
En 2008,
elle sort Chances, un changement radical à sa carrière folk et allant à
l’encontre des tendances musicales actuelles. Avec des magnifiques arrangements
orchestrés pour la supporter, Jill chante de sa voix unique et mielleuse ses
compositions originales inspirées par les grandes chanteuses Doris Day, Peggy Lee et Blossom Dearie.
Avec l’aide de Les Cooper et Ron Sexsmith, elle livre un album romantique et sucré à point : les
pièces Never Quit Loving You, Be My Man ou même All My Dreams sont légères et teintées de joie sincère, qui ne peut
que élever l’humeur des mélomanes. Pour les fans de vieux jazz, cet album est un classique moderne.
L’album a
connu un succès mondial et figure encore dans les meilleurs vendeurs jazz dans
iTunes Canada, depuis sa sortie en 2008. Cet album lui a aussi valu une
nomination aux Juno Awards dans la catégorie New Artist of the Year, en plus d’être inclus dans la liste longue
du Prix Polaris 2009.
En 2011,
elle fait suite à Chances
avec Mischevious Moon, qui explore
les années 60 et 70. En début 2013, Jill sortira un album de reprises de
classiques de la chanson française. Le premier extrait, Sous le Ciel de Paris est
très prometteur et figure déjà dans ma liste d’écoute pour les mois à venir.
Alors que
Jill Barber rappelait plutôt les années 40 et 50, Alex Pangman nous transporte vers les années folles. Pangman est
dévouée aux années 20 et 30, tout
comme ses musiciens, formant le groupe Alex Pangman & the Alleycats. Présente sur la scène
canadienne depuis plus de 10 ans, Pangman a été remarqué par Jeff Healey, qui a d’ailleurs produit
ses 2 premiers albums.
J’ai
découvert la chanteuse avec son album 33, lancé en 2011. Hommage aux
succès de l’année 1933, Pangman a
produit cet album à l’âge de 33 ans
(un pattern émerge ici). Guitare, cordes et cuivres se fusionnent pour créer
des pièces swing parfois
entrainantes, parfois nostalgiques, mais toujours charmantes. Pangman a la voix
et le style de chant ancrés dans ces anciennes années, qui laissent paraître
une passion ardente et une intégration personnelle du genre. Toujours en quête
de déterrer des gemmes cachés du jazz, 33
dévoile de vibrants hommages à Connee Boswell (Hummin’ to Myself), Jack Teagarden (A Hundred Years from Today) et Bing Crosby (Thanks et I Surrender Dear).
On découvre aussi avec plaisir des compositions originales écrites par Pangman,
dont le style jazz swing se mêle parfaitement aux reprises. Le tout résulte en
un album vivant, léger, qui démontre pourquoi Pangman a hérité du surnom
« Canada’s sweetheart of
swing ».
Sa musique
prend tout son sens en spectacle, où on découvre une chanteuse charismatique et
magnétique. Elle a d’ailleurs mis le feu au Festival de Jazz de Montréal en
2011, avec une prestation extérieure gratuite. Cette année-là, je travaillais au Festival et je me faisais constamment demander : "C'était qui la fille swing aux cheveux roux et frisés?".
Bonne écoute !
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