vendredi 14 décembre 2012

Billie Holiday : Grey's Anatomy, U2 et Bonobo

 

Chanteuse au talent exceptionnel, Billie Holiday, a.k.a Lady Day, a une voix facilement distinguable, tant elle est unique. Sans être d’une puissance extraordinaire, son ton fragile et texturé a su transmettre à la perfection la profonde émotivité de la chanteuse.
Billie Holiday n’a pas eu la vie aisée : l’artiste a connu de graves problèmes de drogue et d’alcoolisme, de nombreuses peines d’amour, en plus d’avoir eu une enfance traumatisante. Il est facile de penser que la grande émotivité de Holiday est puisée dans les nombreuses complications qu’elle a vécues.

Née en avril 1915 sous le nom Eleanora Fagan à Philadelphie, les parents de la petite Eleanora n’ont que 13 et 17 ans à la naissance de leur fille. Son père, Clarence Halliday, n’est pas marié à sa mère, Sadie Fagan, délaissant cette dernière peu de temps après l’accouchement.
Eleanora vit donc seule avec sa mère, qui a son tour, la laisser vivre avec sa tante, Eva Miller. Holiday ne voit que très peu sa mère dans les 10 premières années de sa vie, puisque Sadie voyage beaucoup dans le cadre de son travail en transportation. La petite Eleanora subit un grave traumatisme, lorsque pendant une sieste avec son arrière-grand-mère, l’ainée meure pendant son sommeil. Eleanora se réveille étranglée par les bras de la morte. L’incident la laissera muette pendant plusieurs semaines.
Holiday se retrouve en réforme juvénile avant d’avoir atteint l’âge de 10 ans, se sauvant souvent de l’école. À 11 ans, elle avait déjà quitté les bancs.

Quelques années plus tard, elle déménage avec sa mère à New York, où elle découvrira, sous la prohibition, les boites clandestines où vibre le jazz. Elle se lit d’amitié avec des musiciens et débute sa carrière à Queens et à Brooklyn. Parmi ses amis musiciens, on dénote son précieux ami et collaborateur Lester « President » Young. À 15 ans, elle se choisit un nom de scène. Elle se souviendra du surnom que son père lui donnait lors de ses rares visites. Ce dernier riait de ses allures de garçon manqué et la surnommait constamment Billy. C’est ainsi que nait son nom de scène Billie Holiday.
Holiday se fait découvrir lors d’une performance en 1933 par un réalisateur pour Columbia.

Malgré des lacunes en éducation musicale, Billie Holiday possède une oreille hors-pair et est une maitre de l’improvisation. Rapidement, elle devient l’une des grandes vedettes du jazz new-yorkais. Contrairement à d’autres chanteuses de l’époque, elle a la possibilité de choisir ses propres chansons et a son mot à dire dans les arrangements. Le tout lui permet de développer son personnage de femme malchanceuse en amour, arborant une grande fleur dans les cheveux pour compléter son costume.

Holiday monte en popularité avec sa chanson « Strange Fruit », recevant une mention dans le magazine Time. Elle reçoit aussi des éloges pour sa chanson « God Bless the Child », inspirée d’une dispute avec sa mère.
Après plusieurs années d’abus d’alcool et de drogues, qui l’ont d’ailleurs mené en cour à plusieurs reprises, la voix de Holiday devient fragile. La différence est notable, notamment sur l’album Lady in Satin, un de ses derniers en carrière. Heureusement, sachant faire passer des émotions fortes comme avant, la pièce principale de l’opus, « I’m a fool to want you », demeure à ce jour l’une des chansons les plus tristes et vibrantes de son répertoire. Ray Ellis, conducteur et arrangeur sur l’album, admet avoir été déçu de la chanson dès la première impression. Après plusieurs écoutes, il réalise l’émotivité crue de la pièce et admet le génie de la performance.

Bille Holiday a aussi été la gardienne d’un jeune Billy Crystal lors de ses années avec Commodore Records. Le père et l’oncle de Billy sont les co-fondateurs de cette étiquette.

En mai 1959, Holiday entre à l’hôpital Metropolitain de New York pour des problèmes au cœur et au foie. Elle se fait arrêté pour possession de drogues, alors qu’elle est toujours alitée. Sa chambre est gardée par des policiers jusqu’à sa mort, en juillet 1959. Elle avait alors 70 sous dans son compte de banque et 750$ dans ses poches.

Musique
Plusieurs artistes ont puisé dans la musique de Holiday pour leur propre matériel.

D’abord, le DJ Pretty Lights a emprunté deux pièces de Holiday pour son matériel. Le musicien, qui était de passage à Montréal lors du Full Flex Express Tour avec Skrillex et Grimes, s’est inspiré des pièces « More Than You Know », « Solitude » et « As Time Goes By » pour ses propres chansons « Someday is Everyday » et « City of One ».


L’artiste électronique Bonobo a utilisé la pièce « Swing Baby Swing » pour le titre « Sugar Rhyme », tiré de son album Animal Magic. La pièce est discernable à partir de 49 secondes.

Le populaire Parov Stelar a aussi pris « My Mother’s Son-in-Law » pour sa composition électro-swing « The Paris Swing Box ».


Le musicien Tricky fait aussi partie du nombre d’artiste ayant puisé dans le répertoire de Holiday, ayant quant à lui puisé dans le classique « God Bless the Child » pour son titre « Carriage for Two ».

Finalement, pour conclure les artistes électroniques, Blockhead s’est inspiré de « Yesterdays » pour créer sa pièce « Triptych, part 2 ».


U2 a rendu hommage à la chanteuse jazz avec la chanson « Angel of Harlem », dédiée à Holiday. Des paroles mentionnent la chanteuse par son surnom, Lady Day : "Lady Day got diamond eyes, she sees the truth behind the lies."

The Magnetic Fields a aussi dédié une pièce à la chanteuse, « My Only Friend ».


Cinéma et télévision
Bille Holiday a été actrice, en plus d’être personnifié par plusieurs femmes. Mais encore, quelques œuvres cinématographiques et télévisuelles font mention de la chanteuse.

D’abord, Holiday a été actrice dans le film New Orleans (1947), dans lequel elle joue une femme de ménage qui est chanteuse le soir. Elle y joue au côté de Louis Armstrong et les deux personnages auront des rapprochements amoureux au cours du film. Voici un passage du film, où on entend Billie Holiday chanter et jouer au piano "Do You Know What It Means to Miss New Orleans". La technologie de l’époque ne permettait pas de tempérer avec le son et d’ajuster la voix, ce qui fait que la justesse de Holiday devient très impressionnante!


La télé-série dramatique Grey’s Anatomy contient aussi un morceau de Billie Holiday, lors de la troisième saison, épisode 8. La chirurgienne Miranda Bailey chante « God Bless the Child » a son enfant via son cellulaire, ne pouvant pas être présente physiquement à la maison à cause de son horaire chargé.

La comique série Sex & the City a aussi fait mention de Billie Holiday, lors de la 4ème saison. Carrie vient de recevoir un article corrigé qu’elle avait écrit pour Vogue, complètement massacré par l’éditrice. Pour la consoler, un éditeur qui aime bien Carrie, lui propose un martini (à 10 heures le matin) et l’introduit à la musique de Billie Holiday, la « seule femme ayant plus mal que toi présentement ».

Finalement, la chanteuse a été personnifiée par plusieurs actrices, dont Ernestine Jackson, Paula Jai Parker et autres. L’interprète la plus connue demeure la grande Diana Ross, dans le film Lady Sings the Blues.

Bonne écoute!

1 commentaire:

  1. Bonjour,

    je ne me suis jamais considérée comme une fan de jazz, en fait j'en écoute pratiquement jamais.
    Par contre, en lisant tes billets, je me rend compte que le jazz occupe une plus grande place que je pensais dans ma vie (et dans la vie artistique en général, surtout à travers les films et les séries que j'écoute. Par exemple, dans Sex and the City et Grey's Anatomy, je n'ai jamais fait attention à ces liens. Pour l'avenir, je vais tenter de porter plus attention!

    Je trouve ton blogue très intéressant et original.

    Merci pour toutes ces informations!

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